Un nucléaire pour 50 ou 5 000 ans ?

Vers un choc d’uranium avant la fin du siècle

Un nucléaire pour 50 ou 5 000 ans ?

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Résumé

Au regard de trois scénarios d’évolution du parc nucléaire mondial, l’état des connaissances en matière de disponibilité géologique de l’uranium confirme l’urgence absolue du nucléaire durable.

Au-delà des considérations éthiques qui auraient dû nous imposer depuis longtemps de basculer vers le nucléaire durable, la motivation première des RNR relève de la rareté de la ressource en uranium qui est le carburant unique de l’énergie nucléaire.

Il n’est pas contestable que les ressources d’accessibilité raisonnable sont en train de s’épuiser et que nous sommes en train d’attaquer les ressources géologiquement de plus en plus difficiles d’accès. On s’achemine donc inexorablement vers une pénurie d’approvisionnement en uranium dès le milieu de ce siècle même dans des scénarios de croissance modérée du parc nucléaire mondial.

La question est maintenant de savoir si l’on veut du nucléaire pour 50 ou 5 000 ans.

Si l’on est convaincu que le nucléaire est le seul recours – au côté de l’hydraulique – pour disposer d’une énergie décarbonée et pilotable, alors les pays avancés en matière de recherche et de développement technologique, se doivent de basculer dès que possible vers les réacteurs à neutrons rapides (RNR) capables d’utiliser tout l’uranium naturel.

Alors que la question de la sécurité d’approvisionnement énergétique est au coeur des débats, la France s’est gravement fourvoyée avec l’abandon de son programme de recherches Astrid (réacteur prototype industriel de puissance à neutrons rapides), vingt ans après la déroute de la filière rapide française avec l’arrêt de Superphénix.

Il faut bien comprendre, à l’opposé du discours actuel de la filière, qu’il n’y a pas de continuité entre le nucléaire à neutrons lents et le nucléaire durable. Au contraire, il y a rupture radicale, à la fois de matière première, de réacteurs et d’usines du cycle car c’est l’ensemble de l’uranium naturel qui est utilisé à l’inverse des réacteurs actuels qui n’en utilisent que 0,7%.

Plusieurs décennies seront nécessaires pour mettre au point un prototype de RNR de puissance, le déployer industriellement avec les installations du cycle associées. Faute de quoi le nucléaire de fission s’arrêtera dans moins d’un demi-siècle. L’urgence est absolue.

Evolution de la consommation d'uranium de 2020 à 2100 selon 3 scénarios